Les polypes du colon sont des lésions fréquentes, le plus souvent découverts à l’occasion de dépistage systématiques (hémocult, coloscopie de dépistage). Dans certains cas, une ablation au cours de la coloscopie n’est pas réalisable et une chirurgie devient alors nécessaire. Les polypes étant potentiellement à risque de dégénérer, les règles de chirurgie seront les mêmes qu’en cas de cancer du colon.

 

Quel est le traitement d’un polype du colon?

La découverte d’un polype du colon non enlevable au cours de la coloscopie requière la réalisation d’un bilan exhaustif, comprenant au moins un scanner du thorax et de l’abdomen. ceci permet de vérifier l’absence d’anomalies avant la chirurgie, et aussi de localiser exactement le polype avant la chirurgie.

Comment se déroule l’intervention?

  • Avant la chirurgie:

Un régime dit « sans résidus » sera à réaliser pendant une semaine avant l’intervention en cas de lésion du colon gauche ou du sigmoïde. Dans tous les cas, une immuno-nutrion pré-opératoire (compléments alimentaires destinés à diminuer le risque de complications après la chirurgie) vous sera prescrite pendant une semaine avant l’intervention.

L’intervention nécessite une hospitalisation classique avec une entrée la veille de l’intervention et une durée post opératoire de 3 à 7 jours.

  • La chirurgie:

La chirurgie est habituellement réalisée par voie cœlioscopique, mais des contingences techniques (taille du polype, antécédents chirurgicaux, difficultés de dissection) peuvent faire réaliser une ouverture par laparotomie (grande cicatrice passant par le nombril). Certains chirurgiens peuvent laisser en place des drains qui seront retirés pendant l’hospitalisation.

La chirurgie des polypes du colon consiste en une ablation de la zone malade associée à un curage ganglionnaire. Si le polype se situe dans la partie droite du colon, le chirurgien effectue une hémi-colectomie droite (colon droit + la moitié droite du colon transverse), ou une hémi-colectomie gauche (la moitié gauche du colon transverse +colon gauche) s’il est situé dans la partie gauche. Si la lésion se situe dans le sigmoïde (zone entre le colon gauche et le rectum), l’intervention consistera en une sigmoïdectomie. Enfin, dans de rares cas, une colectomie totale (ablation de tout le colon) pourra être réalisée.

L’étape suivante consiste en la remise en continuité du tube digestif, par une couture soit manuelle, soit mécanique (à l’aide d’une pince) entre les deux moignons digestifs restants. On parle alors d’anastomose. Dans quelques rares cas, il n’est pas réalisé de rétablissement de la continuité digestive et on crée alors un anus artificiel (stomie). Cette situation est rare et sera discutée avec vous lors de la consultation pré-opératoire.

  • Après la chirurgie:

On effectue un protocole dit de réhabilitation accélérée, qui sera discuté avec vous lors de la consultation pré opératoire.

La réalimentation est rapide, de même que la reprise de la marche (le soir même ou le lendemain), avec l’aide de kinésithérapeutes.

La durée habituelle d’arrêt de travail est de 2 à 3 semaines mais sera adaptée à votre activité professionnelle et à votre état physique. De même, un repos sportif de 4 à 6 semaines est recommandé afin de permettre une cicatrisation satisfaisante des tissus.

Une consultation de suivi à 1 mois post opératoire sera programmée à la sortie avec votre chirurgien.

Quelles sont les complications de la chirurgie?

La complication principale de la chirurgie du colon est la fistule anastomotique : c’est la fuite au niveau de la couture qui a été réalisée . Survenant dans les 5 à 7 jours après l’intervention, elle se manifeste par de la fièvre et des douleurs abdominales. Son diagnostic repose sur le scanner qui appréciera sa gravité. En cas de péritonite, une réintervention en urgence avec création d’un anus artificiel habituellement transitoire est possible.

Les autres complications propres à cette chirurgie sont l’hémorragie, pouvant nécessiter une reprise chirurgicale, et l’abcès de paroi, habituellement traité par de simples soins infirmiers. Les autres complications (infection urinaire, phlébite, embolie pulmonaire…) sont rares.

Les troubles du transit post opératoires sont fréquents, habituellement sous forme de diarrhée ou d’augmentation du nombre de selles. Ces troubles sont variables en fonction des personnes et de la portion de colon qui a été retirée. Ils s’améliorent au cours de la première année, mais peuvent nécessiter des traitements symptomatiques et une adaptation du régime afin d’obtenir un confort satisfaisant.

Et ensuite?

La zone retirée est analysée sous un microscope en anatomo-pathologie. Si l’ensemble de la lésion a bien été retirée et qu’aucune lésion cancéreuse n’est retrouvée, une surveillance par coloscopie sera réalisée (habituellement une coloscopie à 3 ans).

Si des cellules cancéreuses sont retrouvées sur le polype, les ganglions autour seront eux aussi analysés, afin de voir si des cellules ont déjà pu commencer à se propager. En fonction des résultats, une surveillance simple ou une chimiothérapie sera à discuter (en cas de ganglions atteints) avec vous et en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP).

 

 

Pour en savoir plus

Télécharger la fiche d’information de la Fédération de Chirurgie Viscérale et Digestive sur les principes et les complications de la chirurgie colique     Fiche information Chirurgie colique FCVD

 

 

Lien Utile

 Site de l’Institut National du Cancer (InCa):   http://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-colon/Points-cles

 auteur: dr Tavernier