Les cancers de l’estomac représentent le 4ème cancer digestif le plus fréquent en France, avec environ 6500 nouveaux cas chaque année. Son âge moyen de survenue se situe à 70 ans, même s’il existe des cas plus précoces en particulier dans les formes familiales. Sa découverte nécessite un bilan exhaustif afin de mettre en place un traitement adapté.

Quels sont les symptômes d’un cancer de l’estomac?

Les symptômes liés à la présence d’un cancer de l’estomac sont variables: des douleurs à la partie haute de l’abdomen, des nausées ou des vomissements qui peuvent être sanglants, la présence de selles noires, la découverte sur une prise de sang d’une anémie. Tous ces symptômes ne signent en aucun cas un cancer de l’estomac, néanmoins leur  survenue doit inciter les personnes à consulter leur médecin traitant puis un gastro-entérologue pour la réalisation d’un bilan endoscopique. En cas de découverte d’une anomalie pendant la fibroscopie, des biopsies seront réalisées afin de prouver la nature cancéreuse des lésions.

Quel est le traitement du cancer de l’estomac?

La découverte d’un cancer de l’estomac requière la réalisation d’un bilan exhaustif, comprenant au moins un scanner du thorax et de l’abdomen. Ceci permet de stader exactement la maladie pour voir s’il existe une atteinte des ganglions, voire des métastases à distance. En fonction de ces examens, tous les dossiers sont discutés en RCP (Réunion de Concertation Pluridisciplinaire, qui réunit des chirurgiens digestifs, des gastroentérologues et des oncologues, plus ou moins des radiologues, des anatomopathologistes, des radiothérapeutes…). La base du traitement curatif du cancer de l’estomac est la chirurgie. Néanmoins, dans certains cas, des études récentes ont montré l’intérêt d’une chimiothérapie péri-opératoire (quelques cures avant et après la chirurgie) afin d’améliorer les chances de guérison. Parfois une radiothérapie peut aussi être proposée au cas par cas et en fonction de l’avis de la RCP. Dans tous les cas une prise en charge nutritionnelle pré opératoire, avec au moins une immuno-nutrition pendant une semaine avant l’intervention est recommandée.

Quel type de chirurgie est adapté dans mon cas?

Plusieurs interventions existent pour le traitement des cancers de l’estomac, et dépendent de la localisation de la tumeur et de son type. Dans le cas des adénocarcinomes (cancer de l’estomac le plus fréquent), on retire la tumeur, les tissus environnants et les ganglions qui l’accompagnent afin de réaliser un curage ganglionnaire. La décision de retirer tout ou partie de l’estomac est donc guidée par la tumeur elle-même afin d’augmenter au maximum les chances de guérisons. En cas de tumeur de la partie haute de l’estomac,  il faudra réaliser une gastrectomie totale, alors qu’en cas de tumeur de la partie distale ou pourra parfois ne réaliser qu’une gastrectomie partielle.  On rétablira ensuite le circuit digestif en réalisant une couture entre l’oesophage (ou l’estomac restant) et l’intestin grêle.

Habituellement l’intervention est réalisée par laparotomie, la coelioscopie étant encore en cours d’évaluation. Néanmoins, en fonction de son évaluation, votre chirurgien pourra vous proposer une prise en charge coelioscopique.

Dans quelques rares cas (tumeurs stromales ou carcinoïdes), on pourra réaliser une « gastrectomie atypique » qui a pour avantage de ne pas interrompre la continuité digestive. Dans ce cas, la chirurgie est réalisée par voie coelioscopique.

Quels sont les risques de la chirurgie?

Bien que de réalisation courante, la chirurgie des cancers de l’estomac reste une chirurgie lourde, et certaines complications peuvent donc survenir. Ce sont les risques communs à toute chirurgie telles qu’une réaction à l’anesthésie, un saignement, la plaie d’un organe de voisinage, et en particulier de la rate lors d’une dissection difficile (nécessitant parfois une ablation de la rate), mais aussi une embolie pulmonaire, une défaillance cardiaque ou respiratoire, une infection de paroi ou une infection urinaire.

Il existe aussi des complications propres à la gastrectomie: c’est avant tout le risque de fistule anastomotique: c’est la fuite d’aliment au travers de la couture entre l’oesophage (ou l’estomac restant) et l’intestin grêle. Ceci peut être responsable d’une péritonite ou d’une médiastinite (infection de la partie centrale du thorax) qui peuvent être graves et nécessiter une réintervention en urgence. L’autre risque de cette chirurgie est la fistule du moignon duodénal, avec fuite de bile par la couture mise en place. Habituellement ceci est pris en charge par le drain mis en place pendant l’opération et se tarit progressivement.

Comment se déroule mon hospitalisation?

La durée moyenne d’hospitalisation pour une gastrectomie est de 1 à 2 semaines. L’entrée s’effectue la veille de l’intervention ou plus tôt si une renutrition intraveineuse est nécessaire avant la chirurgie.

Pendant la chirurgie, des drains sont mis en place et retirés progressivement pendant l’hospitalisation. Une sonde naso-gastrique, est habituellement retirée le lendemain de l’intervention. Le retour du bloc opératoire s’effectue soit en service de réanimation, soit en unité de soins intensifs. La réalimentation s’effectue progressivement, de manière fractionnée, sous surveillance de l’équipe médicale et paramédicale. Un traitement pour lutter contre la phlébite est nécessaire pendant toute la durée de l’hospitalisation et sera poursuivie après la sortie.

Quelles sont les conséquences de la chirurgie sur l’alimentation?

L’ablation de tout ou partie de l’estomac altère l’alimentation chez le patient opéré, avec des conséquences souvent importantes en post opératoire mais qui vont s’estomper avec le temps. Il peut s’agir soit d’une simple diminution de l’appétit, d’un « dumping syndrome » (sensation de malaise juste après le repas, ou hypoglycémie 2 à 3 heures après celui-ci, lié à l’apport brutal d’aliments dans le tube digestif) , du syndrome du petit estomac (sensation de plénitude gastrique après quelques bouchées), ou de diarrhées (dues à la section de nerfs de l’estomac lors de la chirurgie, geste habituel). Une perte de poids est habituelle et devra être suivie par l’équipe soignante. Ces symptômes diminuent habituellement dans l’année après la chirurgie mais une bonne prise en charge nutritionnelle et un suivi rigoureux sont nécessaires. Dans tous les cas, le patient gastrectomisé ne doit pas s’attendre à retrouver un confort alimentaire similaire au pré-opératoire, et l’alimentation se fera de manière plus fréquente en petites quantités fractionnées. Un apport en vitamine B12 set nécessaire chez le patient ayant eu une gastrectomie totale.

Et ensuite?

L’analyse de la pièce opératoire confirmera le stade de la maladie et la nécessité de mettre en place ou de modifier une chimiothérapie. Le suivi ultérieur se fera durant au moins 5 ans après l’opération. Une consultation post opératoire avec votre chirurgien aura lieu environ 1 mois après votre sortie d’hospitalisation. Il en profitera pour vérifier votre confort nutritionnel et l’absence de complications post opératoires.

Pour en savoir plus

Télécharger les guides InCa et HAS sur le traitement du cancer de l’estomac:

Lien Utile

Site de l’Institut National du Cancer (InCa):

http://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-de-l-estomac/Points-cles

 

 

 

 auteur: dr Tavernier