Qu’est ce qu’une fissure anale?

La fissure anale correspond à une déchirure de la muqueuse ou de la peau au niveau de l’anus. L’origine exacte de cette déchirure n’est pas évidente, le simple traumatisme par passage des selles ne semble pas suffire à l’apparition de celle-ci, et il est probable qu’il s’agisse d’une zone moins bien perfusée qui souffre donc (équivalent d’un petit infarctus de l’anus). Cette déchirure crée par réflexe une contraction permanente et douloureuse du sphincter interne (qui diminue encore l’apport sanguin et empêche la cicatrisation).

Les symptômes liés à une fissure anale sont relativement typiques: suintement hémorragique au niveau de l’anus, douleur vive au passage des selles qui met ensuite parfois plusieurs heures avant de se calmer. Ces douleurs peuvent parfois apparaitre lors de position assise prolongée, évoluer par poussées avec réapparition périodique des symptômes.

Le diagnostic est clinique: outre l’interrogatoire relativement typique, l’examen retrouve une petite déchirure en déplissant les plis de l’anus, souvent postérieure. Il s’y associe parfois (surtout dans le cas des fissures chroniques) une marisque (épaississement de la peau sur un des bords de la lésion) voire une hypertrophie papillaire (formation en relief à l’intérieur du canal anal).  De plus, on note habituellement un spasme du muscle de l’anus, douloureux, qui interdit toute réalisation de toucher rectal.

Quel est le traitement des fissures anales?

Le traitement médical de la fissure anale peut être suffisant dans environ un cas sur deux, et il est donc impératif de tenter de réaliser un traitement médical avant d’envisager toute prise en charge chirurgicale.

Le traitement médical a pour objectif de calmer les douleurs, régulariser le transit et permettre une cicatrisation. On associe donc habituellement des anti-inflammatoires ou des antalgiques par voie orale, des laxatifs, et l’application de crèmes locales qui ont un effet antalgique et cicatrisant. Ce traitement peut être suivi pendant plusieurs semaines. Néanmoins, seuls la moitié des personnes verront une cicatrisation de la fissure avec ce traitement. En cas d’échec (ou de récidive précoce), on propose un traitement chirurgical.

Le traitement chirurgical peut être de plusieurs types:

il peut s’agir soit d’une fissurectomie seule (ablation de la zone de fissure), associée ou non à la réalisation d’une anoplastie (on recouvre la plaie par de la muqueuse saine). La cicatrisation est habituellement obtenue en 5 à 8 semaines, mais la douleur peut persister durant cette période de cicatrisation. Le risque de récidive est de l’ordre de 10%.

L’alternative est la réalisation d’une sphinctérotomie latérale (on coupe une petite partie du muscle sphincter afin de lever le spasme), le plus souvent sans fissurectomie associée. Ceci permet une sédation très rapide des douleurs. Néanmoins, l’inconvénient de cette chirurgie est qu’elle expose aux risques d’incontinence, qui peut être définitive  (essentiellement fuite de gaz voire suintement, incontinence aux selles exceptionnelle). Le risque de récidive est inférieur à 5%. Cette chirurgie est souvent réservée aux cas de récidive après fissurectomie.

Comment se déroule l’intervention?

Cette intervention se déroule, après échec d’un traitement médical bien conduit, et donc sans urgence, en chirurgie ambulatoire. Elle nécessite une anesthésie générale ou une anesthésie de la partie basse du corps (selon votre consultation avec l’anesthésiste).

Les complications sont rares, parfois à type de rétention d’urine (par réflexe douloureux), pouvant nécessiter la mise en place transitoire d’une sonde urinaire. Les hémorragies, dans les semaines suivant l’intervention, sont rares mais peuvent nécessiter une réhospitalisation (un suintement hémorragique est habituel).

Et ensuite?

La reprise d’activité dépend des douleurs post opératoires mais habituellement un arrêt de travail de 1 à 2 semaines est suffisant. La cicatrisation prend habituellement 5 à 8 semaines et des douleurs peuvent persister durant cette période, de même qu’un suintement hémorragique.

Un traitement par régulateurs du transit (laxatifs) est préconisé pendant plusieurs semaines après la chirurgie.

Une consultation post opératoire a lieu 6 semaines après la chirurgie.

Pour en savoir plus

Fiche d’information de la Société Nationale Française de Colo-Proctologie

 

 

 

 auteur: dr Tavernier